Depuis cet été, les augmentations de prix des métaux bruts sont-elles justifiées par les fondamentaux ? Les prix des matières premières ont effectivement fortement rebondi depuis l’implosion de l’économie à la fin de l’année 2008. Le cuivre, souvent considéré comme le baromètre des matières premières, après avoir perdu 68 % entre juin et décembre 2008,a rebondi de près de 200 %. Il se trouve donc très proche de son niveau d’avant lacrise. Cette dernière n’est en fait probablement pas finie, mais la demande des matières premières est en hausse alors que la production patine. La hausse de la demande est bien sûr explicable par l’appétit glouton des pays en voie de développement – la Chine en tête - et leur poids dans la consommation des matières premières est dorénavant bien supérieur à celui des économies développées. Leur croissance, combinée à une amélioration des conditions économiques en Europe et surtout aux Etats-Unis (comparativement à une base 2009 très basse), fait que, dans une environnement de faibles stocks de matières premières, il est nécessaire que les prix augmentent pour inciter de nouvelles mines à ouvrir, or il peut s’écouler de cinq à dix ans entre la découverte d’un gisement et sa mise en production… Le « super cycle des matières premières » est-il de retour en force après la crise ? Le cycle de forte consommation de matières premières dans lequel nous sommes n’est probablement pas près de s’achever et les volumes en jeu sont colossaux. L’appellation de « super cycle » n’est donc pas une exagération. Le meilleur moyen de se convaincre que ce cycle va durer est d’observer que la consommation annuelle par habitant en Inde et en Chine est encore très faible pour la plupart des matières premières, et qu’elle va augmenter au fur et à mesure que la richesse augmentera, entraînant des changements de mode de consommation (plus proches des nôtres) et des besoins en infrastructure. Ces évolutions sont fortement consommatrices de matières premières. Mais où en sommes-nous ? On compte en Chine 80 voitures pour 1 000 habitants (contre 800 pour 1 000 aux Etats-Unis) et une consommation de trois barils de pétrole par an et par habitant. Ces données sont encore plus faibles en Inde, probablement en retard de dix ans par rapport à laChine en termes de développement. Sans attendre un rattrapage total, une augmentation de ces données nous semble inéluctable. Or, comme elles concernent des milliards de personnes, elles ont un impact énorme sur la demande globale… Le nouveau plan à cinq ans de la Chine, plus orienté sur la production de biens de consommation, permettra t-il de soutenir la demande de métaux au même niveau que le précédent ? Les détails du nouveau plan chinois (2011-2015) ne sont pas encore connus, mais les lignes directrices permettront de favoriser la consommation interne, d’améliorer l’accès à la santé...
Source : www.usinenouvelle. com / Daniel Krajka
No comments:
Post a Comment